Brigitte Garcia

 

Université Paris 8, Université Paris-Lumières, CNRS (UMR 7023)

Présentation

Brigitte Garcia est enseignante-chercheure (Professeure) en sciences du langage à l’Université Paris 8 et responsable, avec Marie-Anne Sallandre, de l’équipe Sourds et Langues des Signes du laboratoire Structures Formelles du Langage (UMR 7023 SFL, Paris 8 & CNRS). Elle est spécialisée en linguistique de la langue des signes française (LSF) et des autres langues des signes (LS). Responsable du master SDL Parcours Interprétation LSF-français depuis 2006 (avec Florence Encrevé depuis 2016), elle a aussi été coresponsable de la licence professionnelle d’enseignement de la LSF (2015-2019). Après avoir soutenu sa thèse d’habilitation à diriger des recherches en 2010, Brigitte Garcia a dirigé diverses thèses dont 7 sont en cours. Elle a par ailleurs supervisé de nombreux projets de recherche nationaux sur la LSF, en particulier deux projets financés par l’Agence nationale de la recherche (ANR) : le projet pluridisciplinaire ANR LS-Script (2005-2007) et le projet ANR Corpus Creagest (2007-2012), dans lequel elle a eu la charge de collecter, avec l’immense soutien de Marie-Thérèse L’Huillier,  un corpus de plus de 100 heures de dialogues en LSF entre adultes sourds de toute la France. Après avoir été coordinatrice du réseau de recherche international EURASIGN (2018-2022) financé par le CNRS, qui a réuni 7 partenaires européens, elle est impliquée depuis janvier 2023 dans le Projet Erasmus+ BAG-Sign (2023-2025), dirigé par la Pr Claudia Beker, de l’Université Humboldt de Berlin (Allemagne), en collaboration avec 5 pays européens (Allemagne, France, Autriche, Suisse et Italie).

Le fil rouge de ses recherches est un effort de mise en perspective épistémologique des divers travaux  linguistiques sur les LS, en France et dans le monde, par lequel elle essaie notamment de situer l’Approche Sémiologique, l’approche théorique initiée par Christian Cuxac et développée par l’équipe SLS, qu’elle contribue à faire connaître et à étayer. Entre autres sujets, elle s’intéresse actuellement, dans ce cadre, d’une part à la construction de références dans le discours (référence définie, référence impersonnelle humaine, suivi référentiel, etc.), d’autre part à la question du « lexique » dans une LS, à travers l’étude des processus de création de nouvelles unités lexicales et celle des interrelations entre unités « lexicales » et « non lexicales » en discours. Une thématique de recherche lui tient par ailleurs particulièrement à cœur, celle de l’accès des sourds à l’écrit (cette problématique est, de fait, au centre de 4 des thèses qu’elle dirige actuellement).

Brigitte Garcia entretient des relations étroites avec toutes les organisations et institutions liées à l’éducation des personnes sourdes et à la transmission de leur langue. Elle a été, depuis 2006, régulièrement sollicitée par le Ministère de l’Éducation Nationale pour participer à des comités d’experts travaillant à la mise en œuvre des textes relatifs à l’éducation des sourds et, notamment, à l’élaboration des Programmes d’enseignement de la LSF, L1 et L2, de la maternelle à la terminale.

Colloque Langue des signes, grammaire et iconicité

Texte de la conférence : Approche Sémiologique, grammaire, iconicité et ‘concepts traditionnels’ : de quelques méprises et nécessaires clarifications

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Diaporama de la conférence

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Colloque Ecriture(s) de la langue des signes

Synthèse de la conférence sur Paul Jouison

« Apport de Paul Jouison à la linguistique de la LSF »

Brigitte GARCIA

 

Une grande émotion, renforcée à l’écoute de ces témoignages.

Paul a été un personnage-clé dans ce qu’est devenue la linguistique de la LSF aujourd’hui.

Il était quelqu’un de très singulier et dont la pensée complexe n’était jamais en repos.

Egalement quelqu’un de très modeste et je rejoins Christian MAS sur le terme d’humaniste.

Au milieu des années 80, j’ai cherché à savoir ce qui se faisait en France autour de la langue des signes et deux noms m’ont été donnés : ceux de Paul JOUISON et de Christian CUXAC, que j’ai contactés et rencontrés dans la même semaine.

Ils m’ont alors tous deux dit qu’il fallait que j’aille au stage de 2LPE, ce que j’ai fait en 1987 : choc, pour moi qui ne savais rien, du fait de se retrouver avec tout un campus de gens qui signent ; de très belles rencontres.

En 1988, j’ai soutenu un DEA sur l’iconicité dans les langues vocales et dans la langue des signes.

En 1990, il y a eu ce grand colloque international de Poitiers et, deux mois après, l’annonce de la maladie de Paul.

De 1986 à 1991, j’ai été en contact régulier avec Paul ; je suis allée le voir à plusieurs reprises : nombreux échanges et courriers.

J’étais dans une autre voie professionnelle à cette époque.

Juste après la mort de Paul, Bernard MOTTEZ m’a contactée et, comme j’avais bien connu Paul, m’a demandé si je voulais bien me charger de rassembler ses écrits afin de les rendre accessibles à tous.

Ainsi, de 1992 à 1995, je suis allée fréquemment dans le Médoc pour rassembler ses divers écrits, les traces qui restaient de son travail ; période d’immersion forte dans sa pensée…

Ceci a débouché sur la publication, en 1995, de l’ouvrage Ecrits sur la langue des signes française, qui comprenait seulement une petite partie des textes de Paul, leur choix des textes ayant été fait selon qu’il s’agissait de textes que Paul lui-même considérait comme achevés.

Je considérais que je n’étais pas allée au fond de la pensée complexe de Paul. De 1996 à 2000, j’ai travaillé sur une thèse de doctorat basée sur deux grands objectifs : quel avait été le rôle de Paul ? et pourquoi une telle insistance des (rares) descripteurs français, Paul JOUISON et Christian CUXAC en fait, – sur l’iconicité alors que, partout ailleurs, c’était ce qu’il fallait mettre à l’écart de la langue des signes (pantomime) et alors que leur pensée à tous deux était, par ailleurs, très différente ?

 1—Ce qu’il en est de cette période couverte par les travaux et écrits de Paul : 1978-1990

  • Coïncide presque exactement avec la période de vie de 2LPE national = la période militante du Réveil Sourd
  • Ce que cela signifiait, en France, à cette époque, d’entreprendre de décrire comme une langue ce que les sourds pratiquaient entre eux
    • LSF : un objet qui venait tout juste d’être nommé (et n’avait de nom que pour quelques-uns), non considéré comme une langue (même pas envisageable) et contrevenant à tous les critères de définition d’une langue par la discipline (vocal, arbitraire, linéaire…) ;
    • Socialement stigmatisé, minoré, dénié, par les sourds eux-mêmes…
    • Et par le monde scientifique : tout se passe pendant ces 10 ans dans un milieu extra-institutionnel, non académique, là où, ailleurs (E-U puis Europe), se montent très vite des départements de recherche.
    • …Un continuum de pratiques, du français signé aux variantes les plus iconiques
    • Des langues sans écriture ni tradition scripturale : enjeu énorme pour la recherche de régularités, de structures…
    • Et, en termes technologiques : filmer, oui, mais avec une grosse caméra 16 mm, ce qui signifiait une analyse image après image avec des manipulations uniquement manuelles…
  • Il faut ajouter à cela que la situation était rendue encore plus complexe en raison des choix de départ, totalement originaux à l’époque : le parti-pris, très vite, de décrire la langue telle qu’elle se pratique entre les locuteurs et non à partir d’énoncés artificiels, filtrés par la LV dominante…

 

Bref, il s’agissait à la fois décrire une langue jamais décrite et non écrite, c’est-à-dire pour laquelle il n’existe aucun moyen de transcription spécifique ET la faire reconnaître comme langue par une discipline, la linguistique dite « générale », qui s’est entièrement construite sur l’étude des seules langues vocales (et je dirai même, à cette époque, très centrée sur les seules LV écrites).

Douze années dans dans un tel contexte (y compris pour Cuxac, l’autre descripteur de l’époque) : cela fait très peu de temps ! C’était un moment de tâtonnements.

Les écrits de Paul Jouison : les traces d’une œuvre en cours, d’une pensée en gestation, constamment remise en question… et brutalement interrompue.

En d’autres termes : il s’agit là des tout débuts de la construction linguistique de l’objet « LSF », mais Paul Jouison y a apporté des éléments essentiels.

 

2—Les apports du travail de Paul Jouison à la linguistique de la LSF et des LS

Le premier grand apport est lié à la relation au terrain et aux choix méthodologiques

Aux Etats-Unis, dans les années 1970-80, existait une très forte emprise du générativisme, courant théorique faisant l’hypothèse d’une grammaire universelle et réfutant la scientificité le travail sur corpus (rassemblement de données produites par des locuteurs). C’était aussi la façon de travailler en Europe quand Paul et Christian ont débuté leurs travaux. Ce sont les sourds qui étaient convoqués à venir dans les laboratoires, comme « informateurs ».

Les conséquences en étaient : pas de relation égalitaire entre la personne sourde sollicitée et le chercheur, très généralement entendant, et peu de naturel dans ce que produisaient les sourds (à partir de phrases écrites données comme stimuli). Et ces linguistes ont plutôt recherché les points communs entre la langue des signes et les langues vocales en se focalisant sur les signes lexicaux et les aspects manuels des signes.

En France, cela s’est passé à l’inverse : ce sont les linguistes, et Paul le premier, qui sont allés à la rencontre des sourds là où ils étaient (dans les foyers, les associations…) ; les sourds étaient non pas des informateurs mais bien des collaborateurs (avec des échanges).

La façon dont Paul a procédé à cet égard a été déterminante car il était avant tout un éducateur, un enseignant, un pédagogue ; c’était quelqu’un qui était dans la communication et qui voulait que cela marche. Le fait qu’il n’ait pas été linguiste a été une force et un atout dans cette époque-là.

Avec la création de l’association Ferdinand Berthier, il a permis des rencontres entre sourds et entendants ; première association à proposer cela.

En 1977-1978, il donnait des cours avec des sourds à côté de lui (1 signe = 1 mot) et se rendant compte de son erreur (les entendants étaient incapables de signer au bout d’un an d’apprentissage), il a décidé de filmer les sourds entre eux. Cela a été déterminant pour la suite.

Les études de Paul ont ainsi porté sur des corpus de discours longs spontanés et cela été la première fois … au monde !

En 1980, il réalise la première transcription intégrale d’un corpus long, l’histoire de la piscine (15 minutes) au moyen de 11 pages de notation. Ceci a été pour lui, le point de départ de découvertes fondamentales :

  1. Il n’arrive pas à trouver de signes lexicaux ou très peu (c’est-à-dire du type de signes décrits par Stokoe).
  2. Tout le corps participe au sens et pas seulement les mains (il a parlé ensuite de cette « fascination des mains ». exercée sur la majorité des chercheurs).
  3. L’iconicité est partout : elle doit donc être mise au centre de la description.

Il en conclut alors que :

  • Il faut créer des modèles descriptifs adaptés à ce qui est observé dans cette langue (et non pas seulement essayer de transférer des modèles descriptifs créés pour les langues vocales).
  • Il faut travailler sur du discours, pas sur des « phrases » décontextualisées
  • Il faut absolument tout décrire : tout ce que l’on peut observer doit être analysé. Tout le corps participe à la construction du sens.

Il crée ainsi une manière de faire qui va devenir la norme en France.

Concernant la description de la LSF : il a fait des découvertes importantes et il a ouvert des pistes qui restent encore souvent à explorer :

  • Proposition d’un regard linguistique sur ce qui était alors considéré comme de la « pantomime » : Paul Jouison découvre dès 1979 de régularités dans des « familles de signes » très iconiques (alors taxés de « pantomime). Et ceci aura une incidence forte sur Cuxac (ce que Cuxac décrit un peu plus tard comme des transferts situationnels)
  • Le rôle du regard : il identifie quatre principales directions du regard dont il cherche les fonctions linguistiques
  • Mise en question de la centralité voire de la validité même des signes lexicaux  (ceux que recensent les dictionnaires) : suspectés par Jouison d’être des « signes-mots », des « artefacts », des calques du français (selon lui, le regard des chercheurs était faussé par les « dictionnaires » de signes, filtrés par les mots écrits de la langue vocale)
  • Mise en question des principes stokiens d’une phonologie des LS : selon lui, les « paramètres » manuels ne SONT pas des phonèmes (parce que ce sont des unités déjà porteuses de sens)
  • Découverte de la fonction linguistique des mouvements du corps: notamment, l’expression de la coordination par un certain type de « balancement » du corps ; ces recherches-là n’ont pas réellement été relayées…
  • Rôle de la dynamique de production corporelle VS le seul point de vue visuel.

Paul Jouison, qui voulait trouver un mode de description unifié de la langue des signes, se posait des questions récurrentes et notamment en réaction aux travaux de l’époque :

  • Tout d’abord, il fallait selon lui ne pas partir des signes lexicaux tels qu’ils avaient été décrits par Stokoe et la linguistique américaine.
  • Par ailleurs, Christian CUXAC mettait alors en avant (dans la première moitié des années 1980) l’idée d’une LSF « neutre » utilisée surtout dans les dialogues et d’une « autre LSF », plus iconique, utilisée surtout dans les récits, les histoires. Pour Paul Jouison, au contraire, il fallait trouver un principe unifié pour décrire la LSF (il craignait que la proposition de Cuxac renforce l’idée d’un système linguistique « éclaté »).

Son argument, en réponse à cela, était qu’on ne peut pas s’en tenir à une approche visuelle, ce qu’entraîne selon lui l’entrée par l’iconicité et qui signifie qu’on élude ce qui est pourtant la spécificité du discours gestuel : la dynamique corporelle de sa production.

Cette affirmation était étayée sur plusieurs observations :

  • Il existe des formes renvoyant à un même concept qui sont visuellement différentes mais qui sont analysables selon des schémas articulaires homologues (ex. de l’avion)
  • Inversement, une même forme de la main peut, évidemment renvoyer à des sens tout à fait différents et, d’ailleurs, sous l’apparence visuelle, les tensions internes en jeu correspondent à des schémas différents (ex. de la lune et du téléphone).

Ses deux grandes hypothèses étaient les suivantes :

  • Il faut aborder le discours gestuel par le biais des types de tension mises en jeu dans la production.
  • Par-delà les différences de nature des segments corporels en jeu, il existe des similarités dans leurs modes d’utilisation, des potentiels homologues de « mise en forme » et de « mise en mouvement », qui sont exploités comme tels par les LS : ils peuvent, selon lui, constituer des paramètres de classification et de description par-delà les différences de « taille et de position anatomo-physiologiques ». C’était là les nouveaux paramètres qu’il visait à dégager, et qui sont aussi au fondement de son système D’Sign.

 

3—D’SIGN et les difficultés rencontrées par Jouison 

Je ne crois pas que créer une écriture de la langue des signes ait été lié, chez Paul Jouison, à une intention pédagogique mais plutôt à une nécessité de créer un système spécifique pour pouvoir  mettre à plat les longs discours vidéo, de manière à en dégager des régularités. Et, pour lui, un autre enjeu important était d’éviter à tout prix le filtre du recours au français écrit.

D’Sign se met en place peu à peu à partir de 1985-86, avec cette idée de plus en plus, chez Jouison, que, à  force de transcrire et re-transcrire toujours plus de séquences de discours, le système se stabiliserait et ferait émerger les structures de la langue.

Pour moi, c’est une illusion. De fait, à aucun moment  un symbole ne correspond à une valeur stable, celle-ci se modifie à chaque ré-écriture, elle-même toujours différente.

 

4—La linguistique de la LSF aujourd’hui 

Avant d’en parler, je voudrais d’abord préciser un point qu’on ne pouvait pas savoir à cette époque, puis insister sur des aspects simples, qui ont été à la base de la description de la LSF développée par C. Cuxac.

  1. Les langues des signes sont nombreuses ; on n’en avait pas conscience à l’époque où Paul travaillait sur le sujet.

 

  1. Qu’est-ce qu’une langue des signes ? C’est une langue comme toutes les autres. Que veut dire « langue comme les autres » ? Simplement, qu’on peut, avec une langue des signes, dire tout ce que l’on dit dans d’autres langues, faire ce que l’on fait avec les autres langues (par exemple : faire rire quelqu’un, demander sa route, raconter des histoires, mentir, etc…), mais aussi parler de la langue elle-même, ceci étant caractéristique des langues humaines. C’est de ces fonctions qu’est parti Cuxac.

 

  1. Mais ce qui est au cœur de la description proposée par Cuxac, c’est que les LS sont des langues créées par des sourds, c’est-à-dire qu’elles doivent leur forme et leurs structures au fait qu’elles sont, toujours, créées par des sourds.

La surdité a en effet une conséquence majeure sur la communication linguistique   (= apport clé de Christian Cuxac et de la description qu’il a proposée de la LSF) : le canal utilisé est le canal visuo-gestuel, là où les entendants peuvent pareillement exploiter et exploitent, deux canaux, le canal audio-phonatoire et le canal visuo-gestuel (gestualité dite co-verbale). Pour cette raison simple, les LS (les sourds) ont exploité maximalement, de manière linguistique, les potentialités de ce canal visuo-gestuel et, notamment :

  • l’espace…
  • le potentiel figuratif de ce canal, c’est-à-dire sa capacité particulièrement forte à permettre de représenter de manière ressemblante (iconique) ce qu’on veut dire.

Mais attention, quand on parle de l’iconicité des langues des signes, il y a souvent une réduction : le point important, ce n’est pas l’iconicité des signes lexicaux : eux, ils ne sont pas toujours iconiques et, surtout, ce n’est pas par cette iconicité qu’ils produisent leur sens. Il s’agit de quelque chose de bien plus original que cela : les LS ont développé des « structures de l’iconicité », les structures de transfert (souvent appelées « de grande iconicité »). Cuxac a montré que ces structures sont de trois grandes sortes :

  • Celle qui permet au locuteur de donner à voir la forme ou la taille de ce dont on parle >> transfert de taille ou de forme (TTF)
  • Celle qui permet au locuteur de donner à voir le déplacement d’un actant par rapport à un locatif en général stable >> transfert situationnel (TS)
  • Celle qui permet au locuteur de donner à voir les pensées et/ou les actions d’un objet, d’une personne ou d’un animal en devenant cette entité >> Transfert personnel (TP)

Là, c’est vraiment ce que je te montre que je te dis, mais je le fais en recourant non pas à une pantomime au coup par coup mais à des structures linguistiques, c’est-à-dire à des « moules », réguliers et contraignants, qui répondent à des règles précises de construction, et qui donnent au locuteur, de manière systématique, les moyens linguistiques de montrer iconiquement ce qui est dit. Ceci, cette manière de dire (et c’est LE grand apport de Cuxac), c’est LA grande originalité des LS et c’est vraiment le  cœur de ces langues. Les signes lexicaux sont importants aussi mais ils ne sont pas centraux. En LS, ces signes lexicaux sont seulement l’une des manières possibles de véhiculer un concept, pas la plus importante et, en discours, ils sont sans cesse mêlés aux autres types de signes, les unités de transfert.  Et, chez Christian Cuxac, comme chez Paul Jouison, les signes lexicaux ne sont pas composés de phonèmes mais de composants déjà porteurs de sens.

Je vais vous montrer une vidéo. On voit bien comment le locuteur utilise d’un bout à l’autre la même configuration et comment il passe sans arrêt d’une manière de dire à l’autre (dire iconique et dire lexical) : il y a bien une seule et même LSF, c’est l’iconicité qui fait le lien, grâce au jeu du regard, et le plus important se passe au niveau des composants, en grande partie communs aux deux types d’unités.

Paul JOUISON voulait montrer lui aussi comment la langue des signes est une et non pas à dissocier en iconicité ou en lexique. Et il s’agit bien aujourd’hui d’analyser la langue des signes non pas au seul niveau des « signes-mots » (souvent fortement influencés par le français) mais à celui des composants aussi bien des « signes » que des « unités de transfert ».

Texte de la conférence sur Paul Jouison

Texte conf Jouison

Diaporama de la conférence sur Paul Jouison

BGarcia PJouison 26 nov 16